Bien que vivant à La Ciotat, ils ne s’étaient jamais rencontrés. Du reste ils avaient, tous deux, vécu loin de chez eux, avec ce point commun, ce sentiment que l’on ressent quand on rentre au bercail après une longue absence, ce moment magique où s’offre à vous cette vue plongeante dans le bleu du golfe, dominé par ses immenses grues d’acier…
Depuis longtemps déjà Chichi déclamait ses textes ou ceux d’Henri-Frédéric Blanc1, debout sur une chaise aux balètis de la Chourmo2, à la librairie « Au Poivre d’Âne », dans le mythique bar O’Central de La Ciotat ou en pleine rue…
Jeune musicien talentueux, Banane intègre le groupe ciotaden Moussu T e lei Jovents à la guitare rythmique qui le plonge dans le projet des opérettes marseillaises des années 1930 et s’aperçoit par la même occasion de la nécessité de s’immerger dans la culture locale. Leurs chemins se croisent tout naturellement dans ce grand òai culturel, centré autour de la pensée3 prônée par les artistes tels que Moussu T e lei Jovents, Massilia Sound System, Fabulous Trobadors, Nux Vomica (les artistes de la « Linha Imaginòt ») et le philosophe, penseur de la décentralisation culturelle, Félix-Marcel Castan.